Le film raconte l’histoire de quatre potes quadragénaires, professeurs dépassés et époux fatigués qui ont renoncé à croire encore en eux et à leurs envies et qui décident pour reprendre un peu de peps et d’assurance dans leur vie de tenter une expérience selon laquelle une consommation régulière d’alcool dans la journée serait bénéfique à tout niveau.
Cette théorie du psychiatre norvégien Finn Skarderud qu’ils citent n’a probablement pas existé mais elle tient nos gaillards et cette fiction pendant deux heures où chaque spectateur se demande jusqu’où iront ces quatre énergumènes et quelle catastrophe les arrêtera.
L’expérience commence délicieusement et elle est comparable à cette sensation que l’on a lors des premières gorgées d’alcool bues et que l’on découvre cette chaleur anesthésiante et douce qui nous vient de très loin et nous fait oublier qui nous sommes.
Martin – Mads Mikkelsen, le professeur d’histoire redevient un professeur plein d’entrain, adoré de ses élèves et un époux sûr de lui et séduisant.
Tommy – Thomas Bo Larsen dévient le super entraineur de foot qu’il a toujours rêvé d’être
Et nos quatre compères sifflent de plus en plus de verres, de plus en plus souvent à l’image de l’alcoolique qui veut retrouver l’extase de sa première gorgée quand – parce qu’il ne buvait pas autant – il se sentait anesthésié et gai immédiatement
Nous retrouvons donc nos chers amis un peu plus loin dans le film, pissant dans le lit conjugal ou se cognant sur le trottoir le visage en sang.
Quand ils comprennent qu’ils sont allés trop loin, les maris ivres comprennent qu’être des maris ennuyeux les sauvaient de ne plus être des maris du tout.
Tommy, lui ne rechapera pas à cette histoire et sera emporté par la mer sur son bateau.
On ne gagne pas contre l’alcool.
J’ai longtemps cru pendant le film que Thomas Vinterberg avait l’intention de faire de son film une provocation, à la manière de « The Idiots » de Lars Von Trier où des adultes anti-bobos passent leur temps à se libérer de leurs inhibitions pour provoquer la foule mais il n’en a pas eu le courage et il laisse le spectateur sans savoir quoi penser de la place de l’alcool dans nos sociétés.
Certains ont perdu leurs épouses, d’autres leurs travails, un des quatre est mort et au moment où ils prennent conscience qu’ils peuvent regagner un petit peu de ce qu’ils ont détruit, ils reprennent et replongent gaiement, se faisant entrainer dans un cercle encore plus grand d’humains qui les dépassent et qui célèbrent le fait de se souler pour s’oublier, pour oser un peu plus, pour ne plus être honteux de n’être que des hommes.
