Le conflit a déclenché une crise diplomatique entre le Congo et le Rwanda voisin, que Kinshasa accuse de soutenir les rebelles, notamment en envoyant ses propres troupes dans l’est du Congo. Le Rwanda nie toute implication.
Les combats ont forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs foyers dans une région qui n’a guère connu de répit depuis l’invasion des pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda, en 1996, en invoquant les menaces des milices locales.
La semaine dernière, le M23 a pris la ville stratégique de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda, et a abattu un hélicoptère de l’armée congolaise.
Les chefs d’État des sept membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), dont le Congo et le Rwanda, se sont réunis lundi à Nairobi pour discuter du déploiement éventuel d’une force militaire régionale dans l’est du Congo pour assurer la sécurité.
Qui sont les M23 ?
Lorsqu’il s’est formé en 2012, le M23 était le plus récent d’une série d’insurrections dirigées par des Tutsis ethniques à se soulever contre les forces congolaises.
Le nom du M23 fait référence à la date du 23 mars d’un accord de 2009 qui a mis fin à une précédente révolte menée par les Tutsi dans l’est du Congo. Le M23 accuse les autorités de ne pas avoir tenu leurs promesses d’intégrer pleinement les Tutsis congolais dans l’armée et le gouvernement.
Le M23 et les groupes qui l’ont précédé ont prétendu défendre les intérêts des Tutsis contre les milices ethniques hutues dont les chefs ont participé au génocide rwandais de 1994, qui a fait plus de 800 000 victimes parmi les Tutsis et les Hutus modérés.
Les combattants du M23 se sont emparés de vastes étendues de la campagne de l’est du Congo en 2012 et ont brièvement pris Goma, une ville d’un million d’habitants, avant d’être chassés l’année suivante au Rwanda et en Ouganda par l’armée congolaise et les forces de maintien de la paix de l’ONU.
Quel est le lien avec le Rwanda ?
Les voisins orientaux du Congo, en particulier le Rwanda et l’Ouganda, ont une longue histoire d’interventions militaires à l’intérieur du Congo. Les deux pays ont envahi le pays en 1996, puis à nouveau en 1998, prétendant se défendre contre des milices locales.
La dernière de ces guerres s’est terminée par un traité de paix en 2003. Mais au cours des années qui ont suivi, le gouvernement congolais, les enquêteurs de l’ONU et des experts indépendants ont accusé le Rwanda et l’Ouganda de soutenir des milices au Congo, notamment le M23.
Ils affirment que ce soutien vise à maintenir une influence géopolitique et à tirer profit de l’extraction des richesses minérales de la région. Les deux pays ont nié à plusieurs reprises ces accusations.
Les dernières accusations du Congo ont entraîné des démentis virulents de la part de Kigali. Le Rwanda a, à son tour, accusé le Congo de tirer des roquettes sur son territoire et de combattre aux côtés des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une milice ethnique hutue.
Le Congo dément ces accusations.
Vendredi, un soldat congolais est entré au Rwanda depuis Goma et a ouvert le feu, blessant deux policiers rwandais, avant d’être tué, selon l’armée rwandaise.
Quelles sont les preuves de l’implication des Rwandais ?
Le Congo a capturé deux soldats rwandais qui, selon lui, se trouvaient sur le sol congolais. Le Rwanda a déclaré qu’ils avaient été enlevés à l’intérieur du pays. Ils ont depuis été relâchés au Rwanda.
Le Congo a également présenté des vidéos et des photos qui, selon lui, montrent des soldats et des armes rwandais au Congo. Reuters n’a pas été en mesure de confirmer leur authenticité de manière indépendante.
Les Nations unies et les organismes régionaux ne se sont pas encore prononcés sur les affirmations du Congo. L’ambassade des États-Unis au Congo a tweeté la semaine dernière qu’elle était préoccupée « par la présence signalée de forces rwandaises sur le territoire congolais ».
Le président rwandais Paul Kagame a laissé entendre en février que les forces rwandaises pourraient devoir intervenir dans l’est du Congo en raison de la menace que représentent les miliciens hutus.