Virgil Abloh, le célèbre créateur et entrepreneur qui a dirigé la collection de vêtements pour hommes de Louis Vuitton et qui est reconnu pour avoir changé le visage de l’industrie du luxe, est décédé dimanche à Chicago des suites d’une forme rare de cancer, à l’âge de 41 ans. L’énorme influence d’Abloh s’étendait non seulement à la mode, mais aussi à l’art. Par le biais de ses collaborations, de ses expositions personnelles et de ses projets, il a contribué à l’émergence d’un style qui défie les genres et emprunte beaucoup à l’histoire de l’art et à la rue.
La première exposition solo d’Abloh dans un musée a eu lieu au Musée d’art contemporain de Chicago en 2019. Virgil Abloh : Figures of Speech, a ensuite voyagé au High Museum of Art, à l’Institute of Contemporary Art/Boston, et sera inaugurée au Brooklyn Museum en 2022. Nous revenons ici sur certaines de ses collaborations artistiques les plus connues.
Un créateur de streetwear qui a beaucoup emprunté à l’histoire de l’art
Dans son exposition personnelle de 2020 au High Museum of Art d’Atlanta, Virgil Abloh : Figures of Speech, de nombreuses références à l’intérêt d’Abloh pour l’histoire de l’art et l’innovation créative se retrouvent tout au long de l’exposition. La première pièce que les visiteurs ont rencontrée dans l’exposition était un portrait d’Abloh pris par le photographe allemand Juergen Teller. Sur le sweat-shirt d’Abloh est imprimé le texte « R.Mutt », un hommage au dadaïste français Marcel Duchamp.
Off-White au MET
Pour célébrer l’exposition du MET et du Costume Institute en 2021, In America : A Lexicon of Fashion, Abloh a lancé une collection exclusive de produits dérivés pour le musée. Les créations d’Abloh appliquaient son utilisation désormais tristement célèbre des guillemets à certaines des pièces les plus célèbres de la mode et du design modernes. Les citations étaient censées s’inspirer de la déclaration de René Magritte sur la trahison des images (« ceci n’est pas une pipe », 1929).
Une obsession pour les vieux maîtres italiens
De nombreuses créations d’Abloh pour le label streetwear qu’il a fondé en 2013, Off-White, comprenaient des références à la peinture baroque et au maître italien Caravage. La Mise au tombeau du Christ peut être vue sur des sérigraphies et des vêtements conçus par Abloh, en plus d’autres peintures italiennes influentes comme la Joconde de Léonard de Vinci et la Piazza d’Italia de Giorgio de Chirico.
Le virage Bauhaus d’Abloh
Abloh a déclaré dans de nombreuses interviews que sa première collection Off-White était inspirée par la maison en verre flottante de Ludwig Mies van der Rohe, Farnsworth House, et en 2019, Abloh, architecte de formation, a sorti une collaboration avec le fabricant de meubles suédois IKEA, avec des articles inspirés de l’esthétique du design moderniste d’architectes tels que Mies van der Rohe et Le Corbusier.
Collaboration avec des artistes contemporains
Abloh a gardé les artistes dans son orbite. Il entretenait une amitié très médiatisée avec Takashi Murakami, avec qui Abloh a eu une exposition solo dans la galerie d’art Kaikai Kiki de Murakami à Tokyo, au Japon, et en 2018, les deux ont collaboré à une série d’expositions dans les antennes de la galerie Gagosian à Londres, Paris et Beverly Hills.
Pendant les vagues de nationalisme xénophobe qui ont suivi l’élection du président américain Donald Trump en 2016, Abloh s’est lancé dans un partenariat créatif avec l’artiste conceptuelle Jenny Holzer, créant une ligne qui soulignait l’immigration et les échanges culturels sous un jour positif et réaffirmant.
Le designer en tant que conservateur
« Pour moi, il y a très peu de différence si je fais un projet ou dix », a déclaré Abloh dans une interview au Financial Times en 2019, à la veille d’une exposition de design dont il était le commissaire au Vitra Museum de Bâle. Sotheby’s, qui a travaillé avec Abloh en tant que cocurateur de la vente aux enchères Contemporary Curator en 2020, a été parmi les nombreuses organisations artistiques à pleurer son décès sur les médias sociaux.
Une ascension fulgurante vers la gloire interculturelle
Abloh a commencé sa carrière en tant que stagiaire au bureau de Rome de Fendi en 2009, où il a rencontré le rappeur américain Kanye West (qui y était également stagiaire). Cette rencontre l’a conduit à être nommé directeur de la création de l’agence de création de West, Donda.
Après sa mort dimanche, West a dédié un live-stream de son service dominical à son collaborateur et ami de longue date.
À la suite de son décès prématuré, de nombreuses personnes ont pris la parole sur les médias sociaux pour pleurer la mort de l’icône culturelle. Le conservateur Hans Ulrich Obrist a posté sur Instagram une note rédigée par Abloh en 2017, qui disait : « Virgil Was Here c. 2017 ».
