Le retour du Mali à la démocratie après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita en août 2020 est suivi de près dans une région qui a connu quatre coups d’État en 13 mois, dont deux au Mali.
Sous la pression de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les nouveaux dirigeants militaires maliens ont accepté une transition de 18 mois qui culminerait avec des élections présidentielles et législatives le 27 février 2022.
Mais dans une interview accordée à Radio France International et France24 dimanche, le Premier ministre malien par intérim, Choguel Maiga, a déclaré que cette date pourrait être repoussée de « deux semaines, deux mois, quelques mois ».
« [Le calendrier électoral] s’est basé sur les exigences de la CEDEAO sans se demander quelles mesures pratiques il faut prendre pour y arriver », a déclaré M. Maiga. « L’essentiel pour nous est moins de s’en tenir au 27 février que d’organiser des élections qui ne seront pas contestées. »
Maiga a déclaré qu’une date finale serait déterminée d’ici fin octobre.
La CEDEAO n’a pas encore réagi. Le mois dernier, le bloc a déclaré qu’il imposerait des sanctions, y compris des gels d’actifs, à toute personne retardant la préparation des élections au Mali.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré lundi aux Nations unies que les efforts militaires français pour lutter contre le terrorisme au Sahel « ne sont pas durables sans stabilité politique et sans respect du processus démocratique ».
« J’ai particulièrement à l’esprit le calendrier des élections au Mali, qui doit être strictement respecté », a-t-il déclaré dans une déclaration vidéo à la réunion annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies.
M. Maiga a également abordé les informations selon lesquelles le Mali serait sur le point de conclure un accord avec une société russe, le groupe Wagner, afin d’engager des entrepreneurs militaires privés pour aider à combattre les insurgés islamistes.
« Nous en sommes au stade des rumeurs et souvent même de la désinformation », a-t-il déclaré.
Dès que le Mali aura conclu un accord avec un pays ou un partenaire, il sera annoncé, a-t-il dit.
« Nous n’aurons aucune honte à le rendre public », a-t-il ajouté.
Des sources diplomatiques et de sécurité ont indiqué que le Mali était proche d’un accord avec le Groupe Wagner. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré samedi que les autorités maliennes s’étaient tournées vers une société militaire privée russe.
L’éventualité d’un tel accord a suscité l’opposition de la France, qui a déclaré que l’implication d’entrepreneurs militaires russes était incompatible avec le maintien de la présence française dans cet État d’Afrique de l’Ouest.