L’Ouganda et le Congo ont lancé une opération conjointe cette semaine, mais n’ont jusqu’à présent fourni que peu de détails sur son ampleur ou sa durée prévue, alors même que certains se sont alarmés de la présence de troupes ougandaises sur le sol congolais.
Au moins 1 700 soldats ougandais sont entrés dans l’est du Congo pour rejoindre les forces congolaises qui combattent les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé aligné sur l’État islamique, selon deux sources de sécurité et les médias locaux vendredi.
Le ministère ougandais de la Défense n’a pas confirmé le nombre de soldats déployés, mais a indiqué que des unités d’infanterie, d’artillerie, de blindés et des forces spéciales seraient présentes au Congo dans le cadre de l’opération Shujja, qui signifie « héros » en swahili.
Dans sa première indication claire de la durée de l’opération prévue, le ministère ougandais de la Défense a déclaré dans un communiqué que l’opération serait réexaminée après deux mois afin d’évaluer ses progrès contre les ADF.
« La durée de cette opération sera déterminée par l’objectif final militaro-stratégique… vaincre les rebelles et vaincre leur volonté de combattre », a déclaré le major général Kayanja Muhanga dans une vidéo postée sur Twitter.
La campagne visera quatre camps de l’ADF : Yayuwa, Tondoli, Beni One et Beni Two, a-t-il précisé.
Les forces conjointes ont déjà mené des opérations de recherche à la suite de frappes aériennes et d’artillerie contre des bases présumées des ADF dans les forêts de l’est du Congo en début de semaine, selon les militaires des deux pays.
Des centaines de soldats ougandais et des dizaines de véhicules blindés ont été vus traversant la frontière à Nobili depuis le début de l’offensive le 30 novembre. Les deux sources de sécurité ayant connaissance de la mission ont déclaré que 300 autres soldats ougandais devraient arriver de façon imminente.
L’ampleur du déploiement suggère qu’il s’agit de la plus grande intervention étrangère au Congo depuis plus d’une décennie, en dehors d’une opération de maintien de la paix de l’ONU, a déclaré Pierre Boisselet de Kivu Security Tracker, qui surveille les troubles dans la région.
Le porte-parole du gouvernement congolais n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire sur le nombre de soldats ougandais au Congo.
« Les déploiements sont toujours en cours, donc je ne peux pas dire si nous avons encore un bataillon, ou une brigade ou autre », a déclaré à Reuters Flavia Byekwaso, porte-parole de l’armée ougandaise.
L’Ouganda a imputé aux ADF la responsabilité d’un triple attentat-suicide à la bombe perpétré dans sa capitale, Kampala, le 16 novembre, qui a fait sept morts, dont les kamikazes.
L’ADF est née d’un soulèvement en Ouganda mais est basée au Congo depuis la fin des années 1990. Elle a prêté allégeance à l’État islamique à la mi-2019 et est accusée d’avoir tué des centaines de villageois lors de fréquents raids au cours des deux dernières années.
L’État islamique a revendiqué la responsabilité de certaines des violences commises par les ADF, notamment les récents attentats à la bombe en Ouganda, mais les chercheurs de l’ONU n’ont trouvé aucune preuve que l’État islamique exerce un commandement et un contrôle sur les opérations des ADF.