Aborder les questions de race, d’identité sexuelle ou de classe dans une œuvre d’à peine 200 pages serait un projet ambitieux pour n’importe quel écrivain. Le deuxième roman d’Asali Solomon, « The Days of Afrekete », aborde ces trois questions avec perspicacité, esprit et grâce – un hommage à son talent considérable.
Au cœur du roman, dont le titre fait référence à un personnage de Zami d’Audre Lorde, se trouve l’histoire de Liselle Belmont et Selena Octave, deux femmes noires qui se rencontrent au Bryn Mawr College dans les années 1990 et entament une relation brève et intense ; chacune attribue à l’autre la responsabilité de sa fin. Même à une vingtaine d’années de distance, il est clair qu’aucune des deux femmes n’a pu se débarrasser du souvenir de leurs quatre mois d’amour, dont Solomon esquisse les scènes dans des flashbacks vifs et économiques.
Alors que leurs années de collège s’éloignent, les vies de Liselle et de Selena prennent des directions opposées. Selena subit une série d’hospitalisations psychiatriques et enchaîne les emplois précaires. Liselle, en revanche, épouse Winn Anderson, un avocat blanc issu d’une famille aisée du Connecticut, dont la campagne primaire contre le représentant noir sortant de l’État s’est soldée par une défaite, une déception aggravée par les démêlés de Winn avec un promoteur immobilier sans scrupules, qui ont fait de lui le sujet d’une enquête du FBI.
La majeure partie de l’action du roman se déroule lors d’un dîner organisé par Liselle et Winn dans leur maison vieille de 150 ans, située dans un quartier chic du nord-ouest de Philadelphie. Cette réunion mixte, destinée à remercier les principaux partisans de Winn, dissèque subtilement le profond malaise de Liselle quant à l’état de son mariage, ainsi que sa gêne presque comique en présence de Xochitl, la fille très instruite de la femme de ménage latino de Liselle.
Solomon n’offre pas de solution toute faite à l’histoire, mais son roman ne l’exige pas. La force de « The Days of Afrekete » réside dans ses personnages bien dessinés et son portrait réaliste de la façon dont les vieux désirs refusent parfois de rester enfouis.