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Vladimir Potanin démissionne du musée Guggenheim

Vladimir Potanin démissionne du musée Guggenheim

L'institution new-yorkaise condamne l'invasion russe de l'Ukraine dans sa déclaration sur la démission. Vladimir Potanin, l'un des hommes les plus riches de Russie et grand bienfaiteur des arts, qui a été étroitement associé au président Vladimir Poutine, va quitter le conseil d'administration du Solomon R. Guggenheim Museum de New York "avec effet immédiat", a déclaré l'institution dans un communiqué le 2 mars. M. Potanin a occupé le poste d'administrateur pendant 20 ans.
Vladimir Potanin

Cette nouvelle intervient alors que les institutions culturelles du monde entier s’interrogent sur la manière de réagir de manière significative à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Au cours de son mandat, M. Potanin a financé de nombreuses expositions du Guggenheim consacrées à des artistes russes et étrangers, notamment l’exposition actuelle consacrée au célèbre pionnier de l’abstraction Wassily Kandinsky, qui est né à Moscou mais a passé son enfance à Odessa, en Ukraine.

Dans une déclaration remerciant M. Potanin pour ses services, l’institution new-yorkaise a également dénoncé l’opération militaire russe en Ukraine : « Le Guggenheim condamne fermement l’invasion russe et la guerre non provoquée contre le gouvernement et le peuple d’Ukraine. »

La démission de Potanin est intervenue moins de 24 heures après le discours sur l’état de l’Union du président américain Joe Biden, le 1er mars, dans lequel il a déclaré : « Ce soir, je dis aux oligarques russes et aux dirigeants corrompus qui ont soutiré des milliards de dollars à ce régime violent : c’est terminé. »

Le président Biden a également annoncé que le ministère de la justice allait « constituer une équipe spéciale chargée de s’attaquer aux crimes des oligarques russes ».

Potanin est le deuxième homme le plus riche de Russie, selon l’indice Bloomberg des milliardaires. Ses investissements portent sur les mines, les métaux, l’énergie, la finance, le commerce de détail et l’immobilier. M. Potanin a brièvement occupé le poste de premier vice-premier ministre de Russie en 1996-1997, sous la présidence de Boris Eltsine.

Potanin a initialement fait fortune via le programme de ventes aux enchères de prêts contre des actions en Russie après l’effondrement du rideau de fer, qui lui a permis, ainsi qu’à d’autres membres de son réseau, d’acheter un nombre considérable d’actions dans des industries soviétiques autrefois détenues par l’État.

Potanin a fait les gros titres en 2016 lorsque les sociétés qu’il possédait ont été les premières à acquérir une série d’actifs en Iran après la levée des sanctions liées au programme de missiles nucléaires du pays.

En 2018, il a été inclus dans ce qui est devenu la « liste Poutine », un document publié par le département du Trésor américain répertoriant 210 oligarques russes ayant des liens étroits avec le Kremlin, qui ont pris de l’importance sous le président russe actuel.

M. Potanin est un partisan de longue date de la culture russe dans la sphère occidentale. Outre son soutien au Guggenheim, sa fondation a fait don de millions de dollars au Kennedy Center for the Performing Arts de Washington, DC.

En Russie, M. Potanin est également président du conseil d’administration du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, poste qu’il occupe depuis 2003.

M. Potanin est le seul milliardaire russe à avoir signé le Giving Pledge, créé par Bill Gates et Warren Buffet, dont les signataires promettent de donner au moins la moitié de leur fortune à des œuvres caritatives.

Il n’est pas le seul oligarque russe à avoir rompu ses liens avec les institutions culturelles occidentales en raison de la guerre russo-ukrainienne. Le 1er mars, Petr Aven, président d’Alfa-Bank, la plus grande banque commerciale de Russie, a démissionné de son poste d’administrateur de la Royal Academy of Arts de Londres. La Royal Academy a également annoncé qu’elle allait restituer un don d’Aven qui avait contribué à financer son exposition actuelle, Francis Bacon : Homme et Bête.

Aven a annoncé son intention de construire un musée dans le centre de Riga, en Lettonie, où sa collection d’art sera exposée. Il reste à voir si le projet se concrétisera après qu’Aven ait été inclus dans la liste des sanctions de l’UE liées à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

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Reportage de Charles PHIN
Édition : Evelyne BONICEL
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