La visite de Joe Biden, qui a duré huit heures, a eu lieu le lendemain d’un attentat à la bombe contre un hôpital de la ville de Gaza, qui a tué des centaines de Palestiniens et qui est rapidement devenu un paratonnerre dans le monde arabe.
« Du point de vue des risques, M. Biden est désormais lié à ce que les Israéliens décideront de faire à Gaza », a déclaré Jon B. Alterman, directeur du programme sur le Moyen-Orient au Center for Strategic and International Studies.
M. Biden fait le pari qu’en consolant, en négociant et en aidant Israël, il aura le plus d’influence sur leurs actions.
Son projet de faire passer rapidement au Congrès des milliards de dollars supplémentaires d’aide à Israël est susceptible d’alimenter les débats sur l’argent des contribuables américains. Par ailleurs, le veto américain à une résolution de l’ONU appelant à un cessez-le-feu a suscité la colère des alliés.
M. Biden a déclaré que les États-Unis allaient débloquer 100 millions de dollars supplémentaires pour l’aide humanitaire à Gaza et en Cisjordanie occupée. Les États-Unis ont exhorté Israël à autoriser l’aide humanitaire aux Palestiniens.
La Maison Blanche reconnaît d’ores et déjà qu’elle doit mieux expliquer la politique israélienne de M. Biden dans son pays.
Jeudi, M. Biden prononcera un discours à une heure de grande écoute à la Maison-Blanche, afin de « discuter de notre réponse aux attaques terroristes du Hamas contre Israël et à la guerre brutale que mène actuellement la Russie contre l’Ukraine », a déclaré la Maison-Blanche mercredi.
Après son départ de Tel Aviv, M. Biden a donné son premier point de presse à bord d’Air Force One en tant que président pour annoncer qu’il avait travaillé avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi afin d’ouvrir le point de passage de Rafah pour l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza.
Selon Ezra Cohen, chercheur à l’Institut Hudson et ancien sous-secrétaire américain à la défense chargé du renseignement, il sera de plus en plus difficile pour M. Biden de maintenir sa crédibilité si une invasion terrestre augmente le nombre de victimes civiles.
« Vous avez des troupes terrestres sur le terrain, allant de maison en maison, des batailles dans la rue, avec le Hamas, avec des civils toujours piégés parce que le Hamas ne les laisse pas partir », a déclaré Cohen.
Il a ajouté que M. Biden « va devoir se préoccuper d’expliquer au peuple américain qu’Israël respecte le droit des conflits armés ».
Plusieurs critiques virulents affirment qu’Israël ne le fait pas.
Selon un sondage Relief/Ipsos, 78 % des Américains, dont une majorité de démocrates et de républicains, soutiennent les efforts diplomatiques américains visant à permettre aux habitants de Gaza fuyant les combats de se rendre dans un pays sûr.
Moins de la moitié des personnes interrogées (41 %) ont déclaré être d’accord avec l’affirmation selon laquelle « les États-Unis devraient soutenir Israël » dans son conflit avec le Hamas ; seulement 2 % ont déclaré que les États-Unis devraient soutenir les Palestiniens.
Cette situation menace de réduire à néant des années de travail diplomatique visant à courtiser des partenaires du monde arabe et musulman, de la Turquie à l’Arabie saoudite et de l’Égypte au Qatar, dans l’espoir que des liens plus étroits rendraient Israël plus sûr, contreraient les ennemis des États-Unis, de Téhéran à Moscou et Pékin, et maintiendraient les prix du gaz américain sous contrôle.
La diplomatie visant à normaliser les relations entre l’Arabie saoudite et Israël est désormais gelée, M. Biden s’efforçant d’éviter qu’une crise de plus en plus grave n’engloutisse le Moyen-Orient et ne déclenche une confrontation directe avec l’Iran.
« Être président, c’est faire des paris, et M. Biden en a fait un », a déclaré M. Alterman. « Nous verrons ce que cela donnera.