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Augmentation des crimes sexuels au Pakistan

Augmentation des crimes sexuels au Pakistan

Les femmes parlementaires demandent la pendaison publique des violeurs.
Manifestation à Islamadad contre le viol

Avec 11 cas de viol signalés chaque jour, la hausse des crimes sexuels est devenue un problème majeur au Pakistan. Les femmes parlementaires, au-delà des clivages politiques, ont demandé vendredi la pendaison publique des auteurs d’agressions sexuelles et de harcèlement des femmes et des enfants.

Cette demande a été formulée à l’Assemblée nationale par des femmes membres du parti au pouvoir, le Pakistan Tehreek-i-Insaf (PTI), et des partis d’opposition, la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N) et le Parti du peuple pakistanais (PPP), quelques jours après que le Premier ministre Imran Khan ait ravalé ses commentaires controversés sur le viol et déclaré qu’il ne tenait que les violeurs pour responsables des agressions sexuelles.

Imran Khan, qui s’était attiré des critiques il y a un mois pour avoir déclaré, lors d’une interview télévisée sur HBO, qu’une femme portant peu de vêtements aurait un impact sur les hommes « à moins qu’ils ne soient des robots », a affirmé cette semaine qu’il n’avait jamais blâmé les victimes et a accusé les médias d’avoir sorti ses précédents commentaires de leur contexte, le subterfuge habituel auquel les politiciens sont connus pour avoir recours lorsqu’ils doivent rendre compte de leurs déclarations. 

Selon les statistiques officielles obtenues en novembre dernier, 22 037 cas de viols ont été signalés à la police au cours des six dernières années, dont 4 060 étaient en instance devant les tribunaux.
En moyenne, 11 incidents de viol ont été enregistrés chaque jour dans ce pays de plus de 220 millions d’habitants.

Un nombre de viols de plus en plus importants

Les chiffres sont donnés par la police, la Commission du droit et de la justice du Pakistan, la Commission des droits de l’homme du Pakistan, la Fondation des femmes et les agences provinciales d’aide sociale. Ils révèlent également que seuls 77 accusés, soit 0,3 % du total, ont été condamnés au cours des six dernières années. À peine 18 % des affaires ont atteint le stade des poursuites.
La question a été portée devant l’Assemblée nationale à la suite d’un incident survenu récemment dans la capitale du pays, Islamabad, où une femme, Noor Muqaddam, a été massacrée par son « ami » Zahir Jaffer.

« Nous, 69 femmes députées, demandons un jugement rapide dans les affaires de viol et la pendaison publique des violeurs », a déclaré Syeda Nosheen Iftikhar du PML-N.
Les législatrices en colère ont également demandé la formation d’une commission parlementaire pour examiner les cas de viol.
« Si le Pakistan est dirigé correctement, alors les violeurs et les tueurs doivent être pendus en public. Nous ne laisserons pas le pays être dirigé comme il l’est actuellement », a déclaré Asma Qadeer, membre du PTI, qui a fondu en larmes en parlant de cette question. Elle a continué à pleurer en racontant des incidents de viols d’enfants et de femmes, rappelant que récemment un Qari avait violé une petite fille dans un village.

Maulana Akbar Chitrali a approuvé la demande des femmes parlementaires et a déclaré que la punition islamique doit être donnée dans le pays et que les violeurs et les tueurs doivent être pendus dans des lieux publics pour empêcher de tels incidents de se produire.
La députée du PTI Ghazala Saifi a demandé que les violeurs et les tueurs de femmes et d’enfants soient jugés rapidement.
Alors que Mehnaz Akbar Aziz, de la PML-N, a déclaré que le tueur de Muqaddam devait être pendu en public, Shamim Ara Panhwar, du PPP, a déclaré que tous les violeurs et les tueurs devaient subir le même sort.

Le ministre fédéral des droits de l’homme, le Dr Shireen Mazari, a déclaré que le gouvernement avait récemment adopté une loi contre les affaires de viol, mais que les lois ne suffiraient pas car il faut changer la mentalité de la société à l’égard des femmes.
Elle s’est dite satisfaite que l’enquête sur l’affaire Noor Muqaddam soit menée dans la bonne direction. Elle a déclaré que de fausses informations étaient diffusées sur les médias sociaux à propos de cette affaire afin de semer la confusion.
Selon la législation pakistanaise, la peine pour un viol est soit la peine de mort, soit une peine d’emprisonnement de dix à vingt-cinq ans. Pour les cas de viols collectifs, la peine est soit la peine de mort, soit la prison à vie.

Des propos choquants qui font polemique

Imran Khan, capitaine de l’équipe de cricket pakistanaise vainqueur de la coupe du monde et autrefois connu comme un « homme à femmes », avait déclaré lors d’une interview télévisée en juin : « Si une femme porte très peu de vêtements, cela aura un impact, cela aura un impact sur les hommes, à moins qu’ils ne soient des robots. Je veux dire que c’est du bon sens ».

À une autre question visant à savoir si les vêtements d’une femme provoquent réellement des actes de violence sexuelle, il avait répondu : « Cela dépend de la société dans laquelle vous vivez. Si dans une société où les gens n’ont pas vu ce genre de choses, cela aura un impact sur eux ».

Cependant, lors d’une apparition dans l’émission PBS News Hour cette semaine, le Premier ministre a donné un tout autre son de cloche sur la question, peut-être pour tenter de faire taire ses critiques, notamment les femmes qui l’avaient invectivé.

« Celui qui commet un viol en est le seul responsable. Soyons donc clairs à ce sujet… La victime n’est jamais responsable. Mes commentaires ont été sortis de leur contexte. Nous parlions simplement de la société pakistanaise et du nombre croissant de crimes sexuels, y compris ceux commis contre des enfants. »

Le premier ministre a également apporté des précisions concernant ses commentaires sur le « purdah » (voile porté par les femmes musulmanes) et a assuré qu’il faisait référence à tout le monde, pas seulement aux femmes ou à leurs vêtements.

Imran Khan a assuré que « la purdah ne se limite pas aux vêtements ou aux femmes ; elle s’applique également aux hommes. Je parlais de faire baisser les tentations dans la société. Mes commentaires ont été délibérément sortis de leur contexte car je connais les interviews que j’ai données ; jamais je ne dirais que la victime est à blâmer. »

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