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Beats – un film touchant sur la culture rave en Écosse

Beats – un film touchant sur la culture rave en Écosse

Deux adolescents voient leur amitié mise à l'épreuve dans la stupéfiante évocation par Brian Welsh de la Grande-Bretagne des années 1990.

Au cours de l’été 1994, alors que le gouvernement conservateur de John Major légifère contre la scène rave, deux amis de Glasgow (Ortega, Macdonald) planifient une dernière grande soirée ensemble, en dansant sur la musique qui les relie, avant de partir chacun de leur côté.

Le milieu des années 90 a clairement le vent en poupe. Ces derniers mois, nous avons eu droit à Captain Marvel, avec toutes ses références au grunge et à Fresh Prince, à Mid90s, le premier film de skateboard de Jonah Hill, et à Pond Life, un film indépendant britannique tourné dans le Yorkshire. Sur leurs talons et plein de pilules, voici Beats de Brian Welsh, dont l’action se déroule exactement au cours du même été que celle de Pond Life le mois dernier et qui utilise bon nombre des mêmes clips d’actualité montrant le futur premier ministre Tony Blair en campagne, promettant une nouvelle ère brillante d’espoir et de prospérité post-Tory. C’est une époque pleine de nostalgie, qui a déjà un quart de siècle de retard sur nous et qui s’estompe manifestement trop vite au goût de certains cinéastes.

Une année 94 qui politise le contexte de la rave en Ecosse

Welsh recrée l’année 94 avec une affection sincère et sans complaisance, en se concentrant sur la très décriée scène des raves, considérée à l’époque comme une telle menace qu’elle a fait l’objet d’une législation par le biais de la loi sur la justice pénale, qui a infâmement (et follement) distingué la musique aux « rythmes répétitifs ». D’une certaine manière, la fête s’est politisée.

Le film de Welsh, adapté d’une pièce de théâtre de Kieran Hurley, co-scénariste avec Welsh, dégage certainement une atmosphère de colère et d’anti-établissement. Mais pour ses jeunes protagonistes, une paire de copains adolescents de différents côtés de la voie métaphorique, cette scène soudainement interdite est une scène à laquelle ils viennent juste d’avoir l’âge de participer.

Pour le timide et nerveux Johnno (Cristian Ortega) et son meilleur ami Spanner (Lorn Macdonald), tous deux pleins d’énergie mais supposés être des bons à rien, ce n’est pas seulement la scène qui se termine. C’est aussi leur amitié, la famille de Johnno étant prête à quitter le quartier délabré de Spanner à Glasgow. Ainsi, alors que la quête plutôt légère de la paire pour participer à l’action de la fête/protestation gratuite représente une cabriole commune de passage à l’âge adulte, elle est également teintée de la réalisation mélancolique qu’il s’agit autant d’une fin que d’un début.

Un film très touchant

Il y a aussi des rebondissements dramatiques, parfois un peu trop appuyés par Welsh et Hurley : le grand frère criminel de Spanner, à la manière de Begbie, les poursuit pour avoir volé sa réserve d’argent, tandis que le petit ami de la mère de Johnno est l’un des flics chargés de mettre fin à la fête, avec des boucliers antiémeute et des matraques qui donnent au titre un double sens assez évident.
Mais pour l’essentiel, il s’agit d’un portrait touchant, jour et nuit, d’une amitié, à laquelle Ortega et Macdonald donnent de la chaleur et une profondeur douce-amère dans deux interprétations naturelles et fraîches. Welsh, quant à lui, fait preuve d’un talent visuel impressionnant, notamment lors de la scène enivrante de la rave, où son univers essentiellement en noir et blanc s’épanouit dans des couleurs kaléidoscopiques lorsque les fêtards atteignent leur apogée sur la piste de danse, transcendant le temps et l’espace. Combiné à une sélection judicieuse de la bande-son, qui comprend des artistes comme Leftfield, Inner City, Orbital, Joey Beltram et The Prodigy, cela suffit à vous faire souhaiter que les rythmes des années 90 n’aient jamais cessé de se répéter.

Comme Shane Meadows à 140BPM, Beats est un récit de rites de passage vraiment sincère – un portrait immersif et enivrant de la scène rave à son apogée. À voir et a revoir absolument

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