Sa détention intervient après que des tirs nourris aient retenti dans les camps militaires de ce pays d’Afrique de l’Ouest tout au long de la journée de dimanche, les soldats réclamant davantage de soutien dans leur lutte contre les militants islamistes. Le gouvernement a nié que l’armée ait pris le pouvoir. en savoir plus
L’endroit exact où se trouve M. Kabore et sa situation étaient inconnus lundi matin, des rapports contradictoires circulant parmi les sources sécuritaires et diplomatiques.
Plusieurs véhicules blindés de la flotte présidentielle, criblés de balles, pouvaient être vus près de la résidence du président. L’un d’eux était éclaboussé de sang. Des habitants du quartier du président ont fait état de tirs nourris dans la nuit.
Trois véhicules blindés et des soldats portant des cagoules étaient stationnés devant le siège du radiodiffuseur public.
Les sources gouvernementales n’ont pas pu être jointes dans l’immédiat lundi.
Ces derniers mois, Kabore a été confronté à des vagues de protestations dans les rues, la frustration augmentant face aux fréquents meurtres de civils et de soldats par des militants, dont certains ont des liens avec l’État islamique et Al-Qaïda.
En novembre, une attaque militante contre un poste de gendarmerie à Inata, dans le nord de la région du Soum, a tué 49 policiers militaires et quatre civils. Il s’est avéré par la suite que les forces stationnées à cet endroit avaient manqué de nourriture et avaient été forcées d’abattre des animaux dans les environs pendant deux semaines.
Dimanche, des manifestants sont venus soutenir les mutins et ont saccagé le siège du parti politique de Kabore. Le gouvernement a déclaré un couvre-feu de 2000 GMT à 0530 GMT jusqu’à nouvel ordre et a fermé les écoles pendant deux jours.
L’agitation au Burkina Faso survient après des putschs militaires réussis au cours des 18 derniers mois au Mali et en Guinée, où l’armée a destitué le président Alpha Condé en septembre dernier.
Les militaires ont également pris le pouvoir au Tchad l’année dernière après la mort du président Idriss Deby sur le champ de bataille.
Le Burkina Faso est l’un des pays les plus pauvres d’Afrique de l’Ouest, bien qu’il soit un producteur d’or.
Les militants islamistes contrôlent des pans entiers du pays et ont forcé les habitants de certaines régions à se conformer à leur version sévère de la loi islamique, tandis que la lutte de l’armée pour réprimer l’insurrection a épuisé les maigres ressources nationales.
Échaudé par les manifestations de rue, M. Kabore s’était engagé en novembre à mettre un terme aux « dysfonctionnements » de l’armée, déclarant qu’une enquête sur l’attaque d’Inata serait suivie de mesures disciplinaires et qu’il lancerait une campagne de lutte contre la corruption.
Une partie de la colère qui a éclaté au Burkina Faso à la fin de l’année dernière était également dirigée contre l’ancien colonisateur, la France, qui a déployé des milliers de soldats dans la région du Sahel en Afrique de l’Ouest pour combattre les militants.
Reportage de Thiam Ndiaga et Anne Mimault ; Reportage supplémentaire de David Lewis ; Rédaction de Bate Felix, Nellie Peyton et Estelle Shirbon ; Édition de Peter Graff, Alex Richardson, William Maclean.
