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L’identité cubaine à travers trois générations

L’identité cubaine à travers trois générations

Ce texte nous propose un voyage dans le coeur de Cuba depuis la fin de la colonisation espagnole jusqu'à aujourd'hui.
Le centre pauvre de la Havane

Cette histoire, ce voyage à travers le temps commence le 1er janvier 1959. La révolution est menée par Fidel Castro, Che Guevara et leurs militants révolutionnaires

Le renversement du régime de Fulgencio Batista suscitait tellement d’espoirs, de rêves et d’envies.
Les héritiers de 1959 ont accepté pour cela, au nom du peuple, au nom d’une liberté commune, de vivre avec des frustrations, des privations mais ont néanmoins réussi à franchir les difficultés pour croire à un chemin fait de plus de lumière.

Sans ce cri, sans cette énergie, Cuba serait resté dans l’attente d’une libération, de plus de droits, de moins de surveillance et de contrôle.

Cette première génération a forcé la porte pour franchir le seuil de la liberté, très courageusement et sans penser au risque.

Ces héros

La première personne dont je veux vous parler est Jorge.

Conducteur de taxi, adhérant au parti communiste, il a participé au tout début  au processus politique historique, tracé par d’autres vers la liberté.

Jorge est enfant quand il voit son pays se transformer, la joie, les rires s’installent dans les rues, les chants à la gloire de la révolution retentissent ici et là. Sur les photos de l’époque, on voit des femmes et des hommes s’enlacer, des gens sourirent, des bras levés. La génération de Jorge a aussi entrepris une révolution culturelle d’alphabétisation, de scolarisation, de mobilisation politique.

Fidel Castro commence à parler du volontariat dans le travail pour faire face aux difficultés économiques.

La génération de Jose a œuvré pour l’avenir de son pays, les efforts consentis au fil des années, les sacrifices, les privations étaient là pour construire un Cuba plus libre, un Cuba meilleur.

Les interdits ont été respectés, acceptés même pour cette jeune génération, soucieuse de tout découvrir. La doctrine du marxisme léninisme a remplacé les libertés de la jeunesse.

C’est cette génération qui a été la première les carnets de rationnement. Cela garantissait une quantité identique et suffisante d’aliments afin de limiter les différences sociales mais permettait aussi de combattre la pénurie d’aliments et la spéculation sur les prix de vente.

On pensait que l’utilisation du carnet de rationnement ne durerait qu’un an. Cuba l’utilise encore aujourd’hui et cela depuis plus de de cinquante ans. 

Le Livret de fournitures mensuel est de cinq œufs, 1/2kg  de haricots, 2kg de sucre, 500g d’huile, 500g de poulet, 3.5 kg  riz, un peu  de café, un paquet de pâtes.

Puis il y a eu la guerre avec l’Angola où 25000 cubains ont participé de 1975 à 1991, au nom de la fraternité avec la Russie, protecteur garantissant la sécurité face au voisin américain.

Jose dira, « Le pouvoir nous promettait l’utopie, mais ce que nous voulions, nous, c’était profiter du présent. »

1991 : Encore plus seul

La chute des régimes communistes à la fin des années quatre-vingt permet dans un premier temps à Cuba moins de contrôle des activités culturelles et plus de droits pour les citoyens.

Avec l’explosion de l’Union Soviétique, les subventions de l’Est ont cessé, Cuba s’est retrouvé dans une triste réalité, toujours sans perspectives, sans doctrine, la famine en plus.

En 1994, avec l’interdiction de partir, sous un régime policier surveillant tout, la crise des migrants, traversant le détroit de Floride au péril de leur vie, ne fait qu’exposer aux yeux du monde l’échec du modèle social cubain.

Une génération sans modèle

La jeunesse cubaine depuis les années 2000 se désengage alors totalement de l’appareil politique, ce qui est dit au-dessus n’est dès lors plus compris, plus entendu, ni même accepté.

A contresens et à contrecœur de leurs parents et de leurs grands-parents, ils finissent de démonter ce qu’il reste encore du système cubain.

Cette troisième génération ne cherche pas de révolutions : elle sait comment elles finissent. Ces jeunes ont appris à se méfier, par principe, des discours des politiciens qui savent voler aux riches, garder beaucoup pour eux et répartir le reste entre les pauvres, mais qui n’ont jamais appris à créer de richesses ou une économie viable et solide pour leur pays.

Ces jeunes ont besoin de se réaliser. D’autant que leurs parents et leurs grands-parents se sont tellement trompés. Ce sont les petits-enfants et les enfants d’un rêve, d’une chimère. Ils sont dotés de l’indispensable pragmatisme de l’oubli, ils ont l’indulgence du pardon.
Mais qui voudront-ils copier ? Facebook reproduisant l’occident où se trouver dans quelque chose de plus juste sans tout jeter de ce qui a été fait depuis plus de soixante ans. En s’inspirant de ce que Cuba a de plus beau, ses valeurs, ses sourires et beaucoup d’amour, et cela sans refuser de le cacher au Monde.  

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