La querelle entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed et le premier ministre Mohammed Hussein Roble, qui a pour origine une enquête sur un meurtre, marque une escalade des tensions qui les opposent depuis des mois dans un pays déchiré par les attaques de militants et les rivalités entre clans.
Lundi, M. Roble a suspendu Fahad Yasin, directeur de l’Agence nationale des services de renseignement, au motif qu’il n’avait pas remis de rapport sur l’affaire d’un agent disparu en juin.
Roble a nommé un autre homme, Bashir Mohamed Jama, à la tête de l’agence par intérim.
Mais le président a qualifié la décision de Roble d’inconstitutionnelle et a nommé mardi un troisième homme, Yasin Abdullahi Mohamed, à la tête de l’agence.
La personne nommée par le président a pris ses fonctions lors d’une cérémonie de passation de pouvoirs mercredi, a indiqué l’agence sur Twitter. La sécurité autour du siège de l’agence a été renforcée, selon des résidents locaux.
Plus tard dans la journée, M. Roble a nommé l’ancien ministre des finances Abullahi Mohamed Nur au poste de ministre de la sécurité intérieure, a indiqué son bureau dans un communiqué. Nur est actuellement un législateur qui a critiqué le président.
Par la suite, mercredi, le président a déclaré dans un communiqué que le renvoi du ministre et la nomination d’un nouveau ministre étaient inconstitutionnels, rendant le changement “nul et non avenu”.
Mardi, l’Union africaine, les Nations unies et les pays donateurs étrangers, dont la Grande-Bretagne et les États-Unis, avaient appelé à une désescalade du conflit, demandant aux deux dirigeants d'”éviter toute action qui pourrait conduire à la violence”.
Roble et Mohamed se sont affrontés en avril, lorsque le président a unilatéralement prolongé de deux ans son mandat de quatre ans, ce qui a incité les factions de l’armée fidèles à chacun des deux hommes à prendre des positions rivales dans la capitale, Mogadiscio.
La confrontation a été résolue lorsque le président a confié à Roble la sécurité et l’organisation des élections législatives et présidentielles reportées. Ce processus, qui devait se terminer le mois prochain, a été à nouveau repoussé il y a quelques jours.
Dans une déclaration faite mardi, le président a nommé Yasin, l’homme que Roble avait limogé, comme son conseiller personnel en matière de sécurité.
Mardi également, Roble a accusé Mohamed de faire “obstruction à une enquête efficace” sur le cas d’Ikran Tahlil Farah, l’agent qui a disparu alors qu’il travaillait dans le département de cybersécurité de l’agence de renseignement.
Sa famille a déclaré publiquement qu’elle pensait qu’elle avait été assassinée et qu’elle tenait l’agence pour responsable.
L’agence n’a pas répondu à l’accusation de la famille.
Mercredi, la famille a saisi un tribunal militaire pour demander un mandat d’arrêt à l’encontre de quatre responsables de la NISA, dont le chef limogé Yasin, qu’elle tient pour responsable de la disparition de Farah.