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- Poutine exhorte les militaires ukrainiens à renverser les dirigeants.
- Le maire de Kiev, M. Klitschko, affirme que des “saboteurs” sont dans la capitale.
- Le Royaume-Uni affirme que les forces russes ont ouvert une nouvelle voie d’avancée vers Kiev.
- Le Kremlin déclare que les contacts sont “interrompus” concernant d’éventuels pourparlers avec l’Ukraine.
- Zelenskiy dit qu’il est la “cible numéro un” de la Russie.
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Après des semaines d’avertissements de la part des dirigeants occidentaux, Poutine a déclenché jeudi avant l’aube une triple invasion de l’Ukraine par le nord, l’est et le sud, la plus grande attaque contre un État européen depuis la Seconde Guerre mondiale.
“Je lance un nouvel appel au personnel militaire des forces armées ukrainiennes : ne permettez pas aux néonazis et (aux nationalistes radicaux ukrainiens) d’utiliser vos enfants, vos femmes et vos aînés comme boucliers humains”, a déclaré Poutine lors d’une réunion télévisée avec le Conseil de sécurité de la Russie vendredi. “Prenez le pouvoir entre vos mains, il sera plus facile pour nous de parvenir à un accord”.
Poutine affirme qu’il n’envisage pas une occupation militaire, mais seulement de désarmer l’Ukraine et de destituer ses dirigeants, faisant allusion aux nationalistes d’extrême droite ukrainiens qui ont collaboré avec les envahisseurs nazis pendant la Seconde Guerre mondiale pour combattre la Russie soviétique. Mais on ne voit pas comment un dirigeant pro-russe pourrait être installé si les troupes russes ne contrôlent pas une grande partie du pays.
Moscou a déclaré avoir capturé l’aérodrome d’Hostomel au nord-ouest de la capitale – une étape potentielle pour un assaut sur Kiev, qui fait l’objet d’une bataille depuis que les parachutistes russes y ont atterri aux premières heures de la guerre. Cela n’a pu être confirmé et les autorités ukrainiennes ont fait état de combats violents sur place.
“Des tirs et des explosions retentissent dans certains quartiers. Des saboteurs sont déjà entrés dans Kiev”, a déclaré le maire de cette ville de 3 millions d’habitants, l’ancien champion du monde de boxe poids lourd Vitali Klitschko. “L’ennemi veut mettre la capitale à genoux et nous détruire”.
Au milieu du chaos de la guerre, une image de ce qui se passait sur le terrain a mis du temps à émerger.
Le président Volodymyr Zelenskiy a indiqué sur Twitter que de violents combats avaient eu lieu et que des personnes avaient été tuées à l’entrée des villes de Tchernihiv et de Melitopol, dans l’est du pays, ainsi qu’à Hostomel.
Des témoins ont déclaré que de fortes explosions et des coups de feu pouvaient également être entendus près de l’aéroport de Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine, proche de la frontière russe, et que des sirènes de raid aérien retentissaient au-dessus de Lviv, à l’ouest. Les autorités ont fait état de combats violents dans la ville de Sumy, dans l’est du pays.
Nouvelle route de progression
Le ministère britannique de la Défense a indiqué, dans une mise à jour des renseignements, que les forces blindées russes avaient ouvert une nouvelle voie d’avancée vers la capitale après avoir échoué à prendre Tchernihiv, et que le gros des troupes restait à plus de 50 km du centre-ville de Kiev.
L’Ukraine a déclaré que plus de 1 000 soldats russes avaient été tués jusqu’à présent. La Russie n’a pas communiqué le nombre de victimes. Les Nations Unies ont déclaré que 25 civils avaient été tués et 102 blessés, des chiffres qui sont probablement une “sous-estimation significative”. Aucun de ces chiffres n’a pu être vérifié de manière indépendante.
Les sirènes des raids aériens ont retenti sur Kiev pour la deuxième journée consécutive, et certains habitants se sont réfugiés dans les stations de métro souterraines.
Des fenêtres ont été arrachées d’un immeuble d’habitation de dix étages près de l’aéroport principal. Un cratère de deux mètres montre l’endroit où un obus a frappé avant l’aube.
“Comment pouvons-nous vivre cela à notre époque ? Poutine devrait brûler en enfer avec toute sa famille”, a déclaré Oxana Gulenko, en balayant les débris de verre de sa chambre.
Des centaines de personnes se sont entassées dans un abri anti-bombes exigu situé sous un immeuble après un avertissement télévisé de frappes aériennes.
“Comment pouvez-vous mener une guerre contre des personnes pacifiques ?” a déclaré Viktoria, 35 ans, tandis que ses enfants âgés de 5 et 7 ans dormaient dans leurs manteaux d’hiver.
Alla, 40 ans, a déclaré : “Les enfants avaient peur, ils pleuraient et demandaient ‘Maman, est-ce qu’on va tous mourir ?'”.
Des milliers de personnes se sont pressées dans la gare de Kiev pour tenter de se frayer un chemin dans les trains bondés qui évacuaient les gens vers l’ouest, à Lviv. Lorsqu’un train arrivait, les gens se ruaient sur les portes, certains criaient, et les gardes tiraient à blanc pour faire fuir la foule.
Maria, 30 ans, était là depuis le matin avec son enfant, son mari et son chien, essayant sans succès de monter dans les trains.
“C’est dangereux de traverser la foule avec un enfant. Le chien a peur. Honnêtement, nous sommes épuisés”, a-t-elle déclaré.
Mais lorsqu’une escouade de soldats a défilé dans la gare, les gens ont applaudi et crié le cri militaire national “Gloire à l’Ukraine !”. Les soldats ont répondu en criant la réponse traditionnelle : “Gloire aux héros !”
Vendredi, les Ukrainiens ont fait circuler un enregistrement non vérifié d’un navire de guerre russe ordonnant à un avant-poste ukrainien sur la petite île de Zmiinyi (île aux serpents), dans la mer Noire, de se rendre.
Les Ukrainiens répondent : “Navire de guerre russe, va te faire foutre”. Zelenskiy a déclaré que les 13 gardes avaient été tués par une frappe russe et qu’ils recevraient des honneurs posthumes.
La cible numéro un
Les envoyés des 27 États membres de l’UE ont convenu de geler tous les avoirs dans l’UE appartenant au président russe Vladimir Poutine et au ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, s’ajoutant ainsi à une série de sanctions soutenues par les dirigeants lors d’un sommet d’urgence jeudi soir. en savoir plus
De nombreux pays occidentaux ont annoncé de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie, notamment l’inscription de ses banques sur une liste noire et l’interdiction des importations de technologies. Mais ils n’ont jusqu’à présent pas réussi à la forcer à quitter le système SWIFT pour les paiements bancaires internationaux, s’attirant ainsi les critiques de Kiev qui affirme qu’il n’y a aucune raison de se retenir.
Les responsables américains pensent que l’objectif initial de la Russie est de “décapiter” le gouvernement de Zelenskiy. M. Zelenskiy a déclaré qu’il savait qu’il était “la cible numéro un” mais qu’il resterait à Kiev.
Un conseiller de M. Zelenskiy a déclaré que l’Ukraine était prête à entamer des discussions avec la Russie, notamment sur la neutralité, l’une des exigences de Moscou avant la guerre. Le Kremlin a déclaré qu’il avait proposé des pourparlers dans la capitale biélorusse, Minsk, mais que l’Ukraine avait proposé Varsovie à la place et qu’il y avait maintenant une “pause” dans les contacts.
M. Poutine affirme que l’Ukraine est un État illégitime issu de la Russie, un point de vue que les Ukrainiens considèrent comme visant à effacer leur histoire plus que millénaire.
Les agences de l’ONU ont déclaré que jusqu’à 5 millions de personnes pourraient tenter de fuir à l’étranger. L’Ukraine a interdit aux hommes en âge de combattre de partir, et aux frontières avec la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, ceux qui ont traversé étaient principalement des femmes et des enfants.
Les femmes pleuraient en disant au revoir à leurs proches masculins et en passant en Roumanie.
L’Ukraine, une nation démocratique de 44 millions d’habitants, a voté massivement pour son indépendance à la chute de l’Union soviétique et espère rejoindre l’OTAN et l’UE, des aspirations qui exaspèrent Moscou.
La Russie est l’un des plus grands producteurs d’énergie au monde et le plus grand fournisseur de gaz d’Europe, et elle et l’Ukraine comptent parmi les principaux exportateurs de céréales. La guerre et les sanctions perturberont les économies du monde entier.
Les prix du pétrole et des céréales ont grimpé en flèche. Les marchés boursiers du monde entier, dont beaucoup ont plongé jeudi à l’annonce du déclenchement de la guerre, se sont surtout redressés vendredi.
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Reportage d’Adrien MAXILARIS
Édition : Evelyne BONICEL
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