Le nouveau président iranien, Ebrahim Raisi, a déclaré mardi qu’il prendrait des mesures pour lever les sanctions “tyranniques” imposées par les États-Unis, après avoir reçu l’aval officiel du guide suprême du pays pour prendre ses fonctions cette semaine.
M. Raisi, qui fait l’objet de sanctions américaines personnelles en raison d’allégations de violations des droits de l’homme dans son passé de juge, a promis d’améliorer les conditions de vie des Iraniens, qui se sont détériorées depuis 2018, lorsque Washington a réimposé des sanctions à l’Iran après avoir abandonné un accord nucléaire.
“Nous chercherons à lever les sanctions tyranniques imposées par l’Amérique”, a déclaré M. Raisi, élu en juin pour remplacer le pragmatique Hassan Rouhani lors d’un scrutin où d’autres candidats très en vue n’ont pas pu se présenter, dans un discours télévisé.
“Mais nous ne lierons pas l’économie (…) à la volonté des étrangers”, a déclaré M. Raisi, un protégé de Khamenei.
L’Iran et les six puissances sont en pourparlers depuis avril pour relancer le pacte nucléaire, en vertu duquel l’Iran a accepté de limiter son programme nucléaire afin de rendre plus difficile l’obtention de matières fissiles pour une arme en échange d’un allègement des sanctions.
L’Iran affirme qu’il n’a jamais cherché à se doter d’armes nucléaires et qu’il ne le fera jamais.
Les responsables iraniens et occidentaux ont déclaré que d’importantes lacunes subsistent pour rétablir le pacte. Une sixième série de pourparlers indirects entre Téhéran et Washington à Vienne a été ajournée le 20 juin, et les parties n’ont pas encore annoncé quand ils reprendront.
M. Raisi, qui prêtera serment jeudi et disposera ensuite d’une semaine pour présenter son cabinet au Parlement en vue d’un vote de confiance, devrait adopter une approche “dure” lors des discussions de Vienne.
Le Guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a le dernier mot sur toutes les questions d’État, mais le changement de président fera disparaître l’influence modératrice sur l’élaboration de la politique exercée par Rouhani depuis 2013.
Rouhani, l’architecte de l’accord nucléaire de 2015, a implicitement reproché aux principaux décideurs iraniens de “ne pas permettre” à son gouvernement de réintégrer le pacte pendant son mandat.
Dans son discours, Khamenei a appelé le nouveau président à “donner du pouvoir aux personnes à faibles revenus” en relançant l’économie.
“Je charge le sage, infatigable, expérimenté et populaire […] Raisi comme président de l’Iran”, a déclaré Khamenei dans son décret d’approbation, qui a été lu par son chef de cabinet au cours de la cérémonie.
Nommé par Khamenei pour diriger le pouvoir judiciaire en 2019, Raisi a été placé sous sanctions américaines quelques mois plus tard pour le rôle qu’il aurait joué dans les exécutions de milliers de prisonniers politiques en 1988. L’Iran n’a jamais reconnu ces meurtres.
Depuis son élection, M. Raisi, 60 ans, a pour la première fois abordé publiquement ces allégations, affirmant que les sanctions américaines lui ont été imposées pour avoir fait son travail de juge. Les dissidents craignent que sa présidence n’entraîne une répression accrue dans le pays.