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Art X Lagos met en avant les NFTs d’artistes africains

Art X Lagos met en avant les NFTs d’artistes africains

La foire d'art contemporain du Nigeria, qui se tient jusqu'à dimanche sous forme physique et en ligne jusqu'au 21 novembre, s'est associée à Superrare pour présenter des œuvres numériques d'artistes tels que Youssef El Idrissi, Linda Dounia et Rendani Nemakhavhani.
Un camion garé devant la maison de vente aux enchères Christie’s présente un jeton non fongible (NFT) d'art numérique CryptoPunk sur des panneaux d'affichage électroniques, le 11 mai 2021 à New York.

En mars dernier, pendant dix jours, l’artiste nigérian Osinachi a vendu des NFTs d’une valeur de 75 000 dollars. Il avait rejoint le marché de l’art numérique basé sur la blockchain en 2017, et n’a vraiment pris le coup de main que deux ans plus tard. En 2016 encore, il était bibliothécaire à l’université du Nigeria, à Nsukka.

Cette année, Christie’s a organisé sa première vente NFT d’un artiste africain en collaboration avec 1-54 Art Fair. L’artiste en question ? Osinachi.

Mais il n’est pas seul. Il est le reflet de la vague NFT qui se fraye un chemin – et qui change la donne – sur le continent africain.

Les NFTs sons de plus en plus sous les projecteurs

Peut-être en reconnaissance de cette vague, ce week-end, les NFTs (africains) seront à l’honneur à Art X Lagos (jusqu’au 7 novembre, en ligne jusqu’au 21 novembre), une première pour la “foire d’art la plus importante” d’Afrique de l’Ouest. La foire a choisi d’organiser une vente spéciale de NFTs en partenariat avec la place de marché d’art numérique Superrare, présentant des artistes NFT tels que Youssef El Idrissi, Linda Dounia et Rendani Nemakhavhani de tout le continent africain et de sa diaspora, y compris le Maroc, la Jamaïque, l’Afrique du Sud, le Ghana, le Rwanda, le Sénégal et plus encore.

Les organisateurs de la foire tiennent cependant à préciser que les NFTs ne se résument pas aux prix faramineux qu’ils atteignent de nos jours. Certes, un Beeple peut être vendu 60 millions de dollars, mais les NFTs doivent représenter davantage, du moins pour les artistes africains. Parallèlement à la vente, la foire s’intéressera à la production de crypto-art par des artistes africains dans le cadre de son programme de conférences.

La foire indique dans une déclaration en ligne accompagnant l’annonce des entretiens : “Cette discussion vise à démystifier les NFTs, et à recadrer le débat autour du sens, de l’intention et de l’élan créatif qui se trouve au cœur de cette révolution.”

“Elle explorera les NFTs en tant que véhicule d’expérimentation et d’autonomisation, présentant des opportunités inégalées de croissance individuelle et collective, et créant des voies pour que les écosystèmes créatifs prospèrent, y compris celui de l’Afrique.”

En réalité, cependant, la barrière à l’entrée est plus élevée pour les artistes africains que pour leurs homologues occidentaux. Les frais de frappe des NFTs sont souvent prohibitifs (et continuent d’augmenter) et sont libellés en dollars, contre lesquels la plupart des monnaies africaines sont faibles. En outre, dans des pays comme le Nigeria, le gouvernement a interdit les crypto-monnaies, avec lesquelles les NFTs sont échangés.

Art X Lagos à contre courant

D’une certaine manière, la foire va donc à contre-courant, tout en restant à l’écoute du rythme artistique du continent. C’est ainsi qu’elle s’est forgée une réputation. L’année dernière, alors que des manifestations contre la brutalité policière secouaient le pays, Art X Lagos a mis en lumière et financé des photographes qui documentaient les manifestations pour la postérité, au risque d’attirer l’ire du gouvernement qui verrait plus tard les manifestants comme ses ennemis. Lorsque les protestations ont été brusquement interrompues après que l’armée nigériane a attaqué et tué des manifestants pacifiques sur le plus grand site de manifestation, la foire a annulé son édition 2020 par solidarité. Art X Lagos a ensuite présenté une sélection rigoureuse des œuvres des photographes dans une exposition en ligne tentaculaire.

Les NFTs ne seront pas présentées dans des circonstances aussi sombres, mais certaines des œuvres exposées sont touchantes et les observateurs suivront de près leurs performances de vente. Reste à savoir s’il existe un marché pour les NFTs sur le continent.

Le portrait texturé de l’artiste zimbabwéen MoonsunDiamond montre un homme transpercé par une flèche, le sang coulant dans son dos, une cigarette logée entre ses doigts et les bras levés. A-t-il survécu à quelque chose ou est-il en train de mourir ?

Quant à l’artiste jamaïcain Idris Veitch, basé à Kingston, il présente un mélange de textures, de formes et de portraits superposés, faisant référence à son héritage nigérian et à ses voyages au Japon.

À la fin du week-end, on saura si l’inventivité des artistes et l’ambition de la foire seront récompensées par ce minuscule point rouge (numérique ?) qui dit : vendu.

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