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Conflit sur le hijab en Inde

Conflit sur le hijab en Inde

Dans le conflit sur le hijab en Inde, l'éducation des filles musulmanes est prise au piège entre les extrémistes des deux religions.
India's hijab row (Photo: Twitter) Read more at: https://www.southasiamonitor.org/spotlight/indias-hijab-row-muslim-girls-education-trapped-between-extremists-both-religions

La droite hindoue est provoquée comme il se doit par le communautarisme et l’extrémisme musulmans. Les communautaristes musulmans ont-ils joué un rôle dans le conflit sur le hijab, écrit Ram Puniyani pour South Asia Monitor. 

La controverse qui fait rage autour du hijab prend des proportions inquiétantes. À Udupi, dans le Karnataka, des jeunes filles musulmanes ont affirmé qu’on leur refusait l’entrée en classe si elles portaient le hijab. Nous avons ensuite vu les portes de l’institut se fermer sur les filles portant le hijab. Nous avons également été témoins de l’acte méprisable des vigiles portant un turban et un châle safran, qui ont fait obstruction à la jeune Muskan et ont crié agressivement “Jai Shri Ram”. Elle a alors répondu par “Allahu Akbar” et a continué à rendre son devoir. Les jeunes filles musulmanes ont saisi la Haute Cour du Karnataka, qui a interdit les châles safran et les hijab dans les écoles dans son ordonnance provisoire. 

En réponse, de nombreuses associations de défense des droits des femmes et d’autres groupes de défense des droits ont défendu le droit des filles à porter le hijab et ont sévèrement condamné les actes de la droite. Des manifestations sont en cours pour soutenir les filles musulmanes qui portent le hijab. Cela a également ravivé l’atmosphère communautaire et donné un coup de main aux forces de division. Les médias sociaux sont désormais remplis de commentaires désobligeants à l’encontre des filles/femmes portant le hijab. 

Tout cet épisode montre d’une part que les forces à l’origine des groupes d’autodéfense agressifs se réjouissent car leur programme est relancé. Cela a montré jusqu’où ils peuvent aller pour intimider la communauté musulmane. D’une certaine manière, ceux qui ont lancé des applications comme Sully Deals et Bulli bai, ceux qui sont des partisans silencieux des dictons de Dharam Sansads doivent bien rire car le processus de polarisation est stimulé par cet épisode. La déclaration du chef du RSS, Mohan Bhagwat, selon laquelle il n’approuve pas ce qui a été dit lors du Dharam Sansad, n’est qu’un prétexte. Indresh Kumar, du RSS, qui dirige le Rashtriya Muslim Manch, a critiqué Muskan, affirmant qu’elle avait fait cela délibérément pour troubler la paix dans la région. 

Des sentiments anti-musulmans 

Nous avons également assisté à une atmosphère où le namaz dans les lieux publics a été rejeté, l’atmosphère d’intimidation est telle que l’expert en génocide Gregory Stanton a averti que l’Inde est en huitième position sur l’échelle de 10 en ce qui concerne le génocide. Ceci est particulièrement vrai à la suite de l’entrée en vigueur des législations CAA et NRC dans le Nord-Est, ce qui augmente massivement la possibilité de priver les musulmans de leurs droits. Le ciblage des jeunes musulmans à la suite des émeutes de Delhi et des manifestations contre la CAA est également condamnable.

Il y a certains points sur lesquels nous devons être prudents. La droite hindoue est dûment provoquée par le communautarisme et l’extrémisme musulmans. Les communautaristes musulmans ont-ils joué un rôle dans le conflit sur le hijab ? Nous devons nous rappeler la montée du Campus Front of India, le front étudiant du Popular Front of India, qui a été impliqué dans une attaque contre le professeur Joseph. On aimerait comprendre pourquoi le statu quo existant, à savoir que les filles portent le hijab jusqu’à la porte de l’école et l’enlèvent en classe, a été perturbé ? D’un côté, on entend des slogans selon lesquels le hijab est notre droit de naissance, et de l’autre, on entend dire que la charia ne peut pas régir un pays. 

De nombreux débats ont eu lieu dans le monde entier autour du hijab. Lorsque la France l’a interdit dans les lieux publics, il y a eu des protestations mais la France (le président de l’époque, Nicolas Sarkozy) a persisté dans sa décision. En ce qui concerne la situation actuelle, de nombreux pays à majorité musulmane ont également interdit le hijab en public, comme le Kosovo (depuis 2008), l’Azerbaïdjan (2010), la Tunisie (1981) (levée partielle en 2011) et la Turquie. En Arabie saoudite, le prince héritier Mohammad bin Salman a déclaré que le couvre-chef ou l’abaya couvrant tout le corps n’étaient pas obligatoires pour les femmes musulmanes. En Indonésie, en Malaisie, au Brunei, aux Maldives et en Somalie, il n’est pas obligatoire. En Iran, en Afghanistan et dans la province indonésienne d’Aceh, il est obligatoire en vertu de la loi.

L’Inde et le hijab 

La situation en Inde est plus complexe. Alors qu’ils étaient auparavant très répandus, la burqa et le hijab ont commencé à être plus utilisés, notamment après la démolition de la mosquée Babri à Ayodhya, dans l’Uttar Pradesh. À l’échelle mondiale, l’objectif des États-Unis de contrôler les richesses pétrolières de la région du Golfe, puis de lancer la propagande du “terrorisme islamique”, a non seulement accru l’insécurité des musulmans partout dans le monde, mais a également renforcé l’insécurité déjà existante des musulmans en Inde.

Un autre facteur contribuant à l’utilisation accrue de la burqa et du hijab a été le retour des personnes originaires du Golfe, où ces pratiques étaient obligatoires. Au fur et à mesure que l’insécurité des musulmans en Inde augmentait, ces pratiques ont progressivement augmenté. Actuellement, un certain nombre de parents musulmans insistent sur le port du hijab/burqa dès le plus jeune âge de leurs filles. Cela devient alors une sorte de choix cultivé pour les filles. Elles se sentent en phase avec l’opinion de la société et s’y tiennent. 

C’est maintenant une question de choix pour beaucoup et cela doit être respecté. Si l’on considère l’ensemble du tableau, ce choix est, dans une certaine mesure, construit. Lorsqu’on fait porter ces vêtements à des filles de 5 à 7 ans, elles les adoptent. Certains érudits de l’Islam affirment que, selon le Coran, il est obligatoire pour les filles musulmanes de le porter une fois qu’elles atteignent la puberté. Des personnes comme Asghar Ali Engineer et Zeenat Shaukat Ali nous disent que la burqa et le niqab ne sont pas mentionnés dans le Coran. Seul le hijab y est mentionné (sept fois), mais il est utilisé comme une séparation, et non comme un morceau de tissu couvrant la tête et le cou. Les types de hijab étaient répandus dans de nombreuses autres communautés, les religieuses chrétiennes, les juifs et d’autres sociétés. En Inde, le “ghunghat” (voile de sari) était autrefois très répandu, mais sa pratique est en déclin.

Des points de vue extrêmes 

Il est certain que la construction culturelle de ces choix pour les femmes s’inscrit dans le contexte du contrôle patriarcal du corps des femmes. Dans le même ordre d’idées, après le sati de Roop Kanwar (femme sautant dans le bûcher funéraire de son mari), Vijaya Raje Scindia, alors vice-présidente du BJP, avait organisé une marche jusqu’au Parlement, avec le slogan “Commettre le sati est le droit des femmes hindoues” !

Dans la situation actuelle, si l’on continue à soulever des questions de ce type, les tentatives des filles musulmanes d’avoir une bonne éducation s’en trouveront affaiblies. Le problème actuel va les faire reculer dans leur quête d’émancipation par l’éducation. L’insécurité croissante attise la réaction de la communauté musulmane. À son tour, la décision de justice va faire reculer le processus en cours par lequel les filles musulmanes tentent de s’élever dans l’éducation. La droite hindoue est déjà très forte, et l’extrême droite musulmane joue le rôle de provocation et de renforcement de la droite hindoue. Et les victimes seront les filles musulmanes et la communauté musulmane dans son ensemble.   

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Reportage d’Adrien MAXILARIS
Édition : Evelyne BONICEL
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