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Une action internationale s’impose pour la crise des réfugiés afghans

Une action internationale s’impose pour la crise des réfugiés afghans

Le conflit afghan a déjà privé d'abri un nombre considérable de personnes, et il ne prendra fin que lorsqu'une intervention humanitaire à caractère moral aura lieu.
Le HCR met en garde contre une crise humanitaire imminente en Afghanistan

L’Afghanistan a une histoire de conflits violents. En raison de sa situation de tampon géostratégique et de ses importantes ressources naturelles et gazières, le pays est devenu un substitut de la politique de puissance mondiale et régionale. Les développements des 40 dernières années ont placé les réfugiés afghans dans l’une des situations de déplacement les plus importantes et les plus prolongées.

Avec un grand nombre d’enfants afghans nés en exil, les pays voisins tels que le Pakistan et l’Iran ont vu apparaître des réfugiés afghans de troisième génération. Après la récente ascension des Talibans, environ 2,9 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays. L’aggravation de la pauvreté, l’impact du Covid-19 et le renversement du gouvernement du président Ashraf Ghani par les talibans ont entraîné un déplacement massif, interne et transfrontalier.

Les données existantes montrent que seuls trois pour cent des réfugiés afghans ont pu rentrer chez eux. L’instabilité politique interne récente et le rôle des acteurs externes ont déclenché une grave crise des réfugiés dans la région. La crise massive des réfugiés est le résultat de politiques mondiales et régionales, les intérêts nationaux étant liés aux intérêts de l’une ou l’autre puissance mondiale. Depuis l’invasion soviétique de 1979, l’Afghanistan a connu une immense instabilité politique, sociale et économique, laissant des millions de personnes déplacées, appauvries et désemparées.

Les soulèvements des moudjahidines contre les Soviétiques, les interventions armées du Pakistan, la croissance des talibans, tout cela s’est combiné pour faire de l’Afghanistan la plaque tournante de nombreuses organisations fondamentalistes. L’intervention américaine depuis 2001 a encore compliqué la situation, ajoutant à la crise des réfugiés.

Le manque de sécurité a sapé le niveau de vie de la population, tandis que le régime oppressif, l’absence de légitimité politique, la division et l’indécision de la politique internationale ont entraîné de nouveaux déplacements au cours des 40 dernières années.

Nécessité d’une coopération internationale

Le départ des forces militaires américaines, la montée des talibans 2.0 et l’effondrement de l’État afghan ont à nouveau aggravé la situation. Les réfugiés afghans constituent désormais la troisième plus grande population de déplacés après ceux de Syrie et du Venezuela.

La grande majorité des réfugiés afghans vivent au Pakistan et en Iran, comme l’a documenté le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en 2019. Au cours des 20 dernières années, lorsque la situation s’est normalisée après l’éviction du premier régime taliban, de nombreux réfugiés afghans sont rentrés chez eux, tandis que d’autres sont restés dans les pays voisins et dans d’autres régions du monde. Selon le HCR, environ 6 millions de personnes ont été contraintes de fuir en raison du conflit, de la violence et de la pauvreté.

Les images récentes d’immenses files d’attente devant le bureau des passeports avant la prise de Kaboul par les Talibans, le désespoir de quitter le pays qui se manifeste par la ruée vers l’aéroport international Hamid Karzai, et les explosions meurtrières près de l’aéroport, mettent en évidence la vulnérabilité du peuple afghan et son désir d’aller ailleurs pour une vie meilleure et sûre.

Les pays voisins comme le Pakistan, l’Iran, la Turquie, l’Inde et des pays lointains comme les États-Unis, le Canada et l’Allemagne accueillent ces réfugiés.

Cependant, la crise a soulevé deux questions essentielles. Tout d’abord, il convient d’analyser les politiques internes et mondiales qui ont provoqué cette crise humanitaire. Deuxièmement, il convient d’étudier dans quelle mesure la société d’accueil est économiquement, socialement et culturellement capable d’accueillir des réfugiés. Les complexités actuelles, les différences d’attitudes et de comportements, le manque de tolérance à l’égard du multiculturalisme et l’épuisement des capacités économiques ont mis les sociétés d’accueil dans une position délicate en ce qui concerne l’accueil des réfugiés.

Certains des pays voisins et des pays d’accueil précédents ont déjà refusé d’accepter l’afflux de réfugiés afghans sur leur territoire. Le conseiller à la sécurité nationale du Pakistan, Moeed Yusuf, a déclaré dans une récente interview que “le Pakistan autorisera l’installation de camps de réfugiés à la frontière afghane, mais ne les autorisera pas à pénétrer sur son territoire”. De même, le ministère turc des affaires étrangères a fait part de son incapacité à accueillir davantage de réfugiés, car la Turquie est déjà le pays qui en accueille le plus au monde.

Le conflit afghan a déjà privé d’abri un grand nombre de personnes, et il ne cessera pas tant qu’une intervention humanitaire à caractère moral n’aura pas lieu. Il est nécessaire de mettre un terme au régime oppressif des Talibans et de mener des négociations pacifiques pour un Afghanistan politiquement stable et pacifique.

Une action collective mondiale et une intervention humanitaire sont indispensables pour mettre fin à l’horrible chaos qui règne dans les zones urbaines et au déplacement des populations en Afghanistan après l’effondrement du gouvernement.

Rôle des organisations internationales

Les organisations internationales peuvent jouer un rôle clé dans la résolution de l’hostilité entre deux États ou d’un conflit interne. Il est impératif que le HCR élabore un plan concret pour accueillir les personnes déplacées en Afghanistan. Le HCR est aujourd’hui considéré comme un pion des Etats en raison de son incapacité à intervenir correctement.

Le HCR, pour sa part, s’est dit très préoccupé par la situation actuelle en Afghanistan et par les mouvements de population, tant au niveau interne que transfrontalier. Selon l’agence des Nations unies, les quelque 200 réfugiés afghans en Iran, qui ont fui la province de Nimruz, ont été pris en charge. Si le rôle du HCR dans l’aide à court terme aux réfugiés ne peut être nié, Amnesty International fait sa part à plus long terme.

Un rapport a été publié par Amnesty International en juin 2019, à l’occasion de la Journée des réfugiés, sur la base d’entretiens avec des réfugiés afghans de retour dans leur pays d’origine. Les rapatriés affirment que les États d’accueil ne les ont pas accueillis, et qu’ils ne sont pas rentrés par volonté mais comme un exercice d’expulsion. L’un des rapatriés explique que sa situation est très vulnérable, comme il l’a déclaré dans une interview à Amnesty : “Je ne vis pas au même endroit maintenant que je suis de retour. Nous déménageons sans cesse dans la province, car ce n’est pas sûr pour moi. Je vis seul pour que ma famille reste en sécurité ; je ne veux pas la mettre en danger.”

Nécessité d’une action collective

L’effondrement fulgurant de l’État afghan n’a pas permis aux civils de trouver un abri protégé pour eux-mêmes. Déjà, l’éviction du gouvernement d’Ashraf Ghani par les talibans a contraint les populations à se déplacer, soit à l’intérieur du pays, soit de manière transfrontalière. Dans ces circonstances, le nombre de personnes déplacées ne fera qu’augmenter, et ce jusqu’à un chiffre écrasant.

Il y a un besoin urgent d’une action collective mondiale pour aider les réfugiés afghans.  Il est urgent de mettre en place une organisation faîtière d’agences humanitaires internationales telles que le HCR et Amnesty International pour aider les populations déplacées à trouver une solution dans des conditions aussi difficiles. Cependant, dans le cadre d’un forum international plus large, il est devenu tout aussi important de s’attaquer aux causes profondes de l’apparition des réfugiés que de s’occuper du processus d’hébergement.  

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