Des centaines de manifestants ont affronté les forces de sécurité dans les districts de Khour Maksour, Crater et Sheikh Othman à Aden, où les manifestants ont bloqué des routes, incendié des bâtiments gouvernementaux et brûlé des voitures dans les rues.
Un manifestant a été tué et des dizaines de personnes ont été blessées dans la nuit de mardi à mercredi à Sheikh Othman, ont déclaré des témoins oculaires aux journalistes. D’autres témoins ont déclaré que des dizaines de manifestants ont pris d’assaut le palais présidentiel de Maashiq où siège le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite.
Un ras-le-bol de la population yéménite
“Nous sommes sortis pour protester après que notre vie soit devenue impossible, il n’y a pas d’électricité, pas d’eau, et les salaires ne peuvent rien nous acheter. Nous n’allons pas attendre de mourir”, a déclaré Ahmed Saleh, 34 ans, un manifestant et employé du gouvernement.
D’autres affrontements ont été signalés dans les provinces de Hadramout, Shabwa et Abyan au cours des deux derniers jours.
Le Yémen du Sud est paralysé par une lutte pour le pouvoir entre le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite et les séparatistes du sud soutenus par les Émirats arabes unis. Tous deux sont des alliés nominaux de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite qui combat le groupe Houthi, allié de l’Iran, dans le nord du pays.
Le Conseil de transition du sud (STC), qui lutte pour l’indépendance du sud, s’était emparé d’Aden et d’autres régions du sud avant que l’Arabie saoudite ne négocie un accord de partage du pouvoir afin de concentrer ses alliés en conflit sur la bataille contre les Houthis.
Cependant, le conflit a paralysé les services publics avec de fréquentes coupures de courant qui ont perturbé la distribution d’eau, l’approvisionnement en aide et les services médicaux. Le chômage et l’inflation galopante ont aggravé la misère dans un pays où la plupart des 29 millions d’habitants dépendent de l’aide.
Nouvelle avancée des houtis, alliés de l’Iran
Mercredi, les rues d’Aden étaient calmes mais les magasins et les bureaux des organisations humanitaires étaient fermés. Des restes de voitures calcinées et des barrages routiers étaient visibles dans de nombreux quartiers de la ville.
Un porte-parole du STC a appelé à de nouvelles manifestations à Shabwa mercredi contre “l’occupation” du gouvernement du président Abd-Rabbu Mansour Hadi.
Le gouvernement de Hadi a déclaré que les forces de sécurité protégeront les manifestants mais ne toléreront pas “la destruction des biens publics et privés”.
La coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite a chassé le mouvement Houthi d’Aden en 2015, mais l’alliance n’a pas réussi à déloger le groupe de Sanaa et d’autres parties du nord, et la guerre aux multiples facettes est dans une impasse sanglante.
La plus grande crise humanitaire selon les Nations unies
Le conflit a créé ce qui, selon les Nations unies, est la plus grande crise humanitaire au monde.
Riyad tente d’éviter une nouvelle ligne de front et davantage de troubles dans le sud, alors que sa coalition combat les Houthis dans la région pétrolière de Marib, dernier bastion du gouvernement dans le nord, et dans la province méridionale d’Abyan.
Mardi, les forces houthis ont réalisé une nouvelle avancée vers Louder, le plus grand district d’Abyan, selon des sources militaires.
Des milliers de civils ont fui les combats dans les provinces de Marib et d’Abyan au cours de la semaine dernière, selon les organisations humanitaires. L’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a déclaré au début du mois que plus de quatre millions de Yéménites étaient toujours déplacés depuis le début des hostilités en 2014.
