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La Belgique envisage de restituer le butin colonial à la RD Congo

La Belgique envisage de restituer le butin colonial à la RD Congo

Une nouvelle loi prévoit la création d'une commission d'experts chargée de passer au crible des milliers d'objets du Musée royal de l'Afrique centrale.
Environ 85 % des 120 000 objets conservés au musée de Tervuren proviennent de l'actuelle RDC.

Le gouvernement belge prévoit de mettre en place une commission d’experts avec la République démocratique du Congo (RDC) qui déterminera le sort de milliers d’objets de musée acquis par la Belgique pendant la période coloniale, en vue de procéder aux premières restitutions en 2022.

La législation ouvrant la voie à la commission mixte et au rapatriement des objets congolais dans les collections fédérales était en passe d’être adoptée par le parlement belge d’ici la fin de 2021. Un accord bilatéral avec la RDC établira alors un cadre pour la commission.

“L’essence de la démarche est de construire un dialogue”, explique Thomas Dermine, secrétaire d’État belge en charge de la politique scientifique, qui a dévoilé les plans de restitution l’été dernier et effectué une visite officielle en RDC en novembre. “Nous espérons que 2022 sera un moment décisif”.

Le roi Léopold II de Belgique a personnellement colonisé l’État libre du Congo, un immense territoire d’Afrique centrale, environ 80 fois plus grand que le pays, en 1885. Le gouvernement belge a annexé le territoire en 1908 sous le nom de Congo belge, qu’il a contrôlé jusqu’en 1960. Pendant la période de domination coloniale, les explorateurs, missionnaires, soldats, représentants de Léopold II et marchands belges ont ramené chez eux des objets qu’ils avaient volés, achetés ou acquis d’une autre manière.

Le patrimoine africain en Occident

Le plus grand dépositaire de ces objets est aujourd’hui le Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren, dont la collection compte environ 120 000 artefacts, ainsi que des milliers de spécimens naturels et de documents. Environ 85 % de la collection provient de la région qui est aujourd’hui la RDC ; ses collections comprennent également des objets provenant du Burundi et du Rwanda actuels. Le musée reconnaît dans une déclaration sur son site web qu'”il n’est pas normal qu’une si grande partie du patrimoine culturel africain se trouve en Occident”.

Selon M. Dermine, la nouvelle commission classera les objets en trois catégories : ceux qui ont été pillés sans équivoque et dont la propriété doit être immédiatement transférée à la RDC ; ceux qui ont été acquis légitimement et peuvent rester dans le domaine public belge ; et ceux dont la provenance n’est pas claire. Les objets de la dernière catégorie resteront initialement en possession de la Belgique, mais leur statut juridique sera modifié afin qu’ils ne soient plus “inaliénables”, ce qui signifie qu’ils pourront être retirés des collections fédérales.

Selon M. Dermine, la politique belge reconnaît que tous les artefacts entrés dans les collections publiques pendant l’ère coloniale peuvent faire l’objet d’une restitution, une étape qu’il qualifie d'”importante et hautement symbolique, car elle nous permet de reconnaître que le régime colonial, en tant que modèle politique, implique une forme de domination fondamentalement inégalitaire qui influence les termes de l’échange”.

Toutefois, cela ne signifie pas nécessairement qu’il y aura un flot instantané de rapatriements. “Nous travaillons sur ce projet comme un projet pluriannuel, l’objectif n’est donc pas de rapatrier trop d’objets trop tôt”, explique Dermine. “L’accent est mis sur les pièces nécessaires pour compléter les collections congolaises. Nous nous concentrerons sur des objets très spécifiques qui ont la plus grande valeur symbolique.”

Dermine affirme que les plans s’alignent sur les souhaits du gouvernement congolais. Félix Tshisekedi, le président de la RDC, a déclaré par le passé qu’il souhaitait que le rapatriement se déroule “de manière organisée” afin de garantir la préservation des objets.

Jusqu’à présent, environ 1 000 objets du Musée royal de l’Afrique centrale ont été identifiés comme ayant été pillés. Parmi les objets de ce groupe qui pourraient être restitués dès 2022 figurent la statue Nkisi Nkondi, une figure faite de bois et de clous qui a été pillée par un commerçant belge lors d’une attaque contre le chef Ne Kuko en 1878, et un masque Luba en bois qui a été pillé en 1896 par les troupes belges.

Selon M. Dermine, les discussions intergouvernementales porteront également sur l’aide que la Belgique peut apporter à la RDC en termes d’expansion des installations et des capacités muséales du pays. Un nouveau musée national de la RDC a ouvert en 2019 à Kinshasa, financé par l’Agence coréenne de coopération.

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