Il s’agit de la première rencontre de ce type depuis le début du conflit syrien, il y a dix ans, lorsque les deux voisins soutenaient des factions opposées, selon des responsables.
La réunion fait suite à une offensive majeure de l’armée pour reprendre le dernier bastion rebelle dans le sud de la Syrie, et après avoir repris le contrôle ce mois-ci de Deraa, une ville située au sud de Damas, dans le cadre d’un accord négocié par la Russie qui a permis d’éviter un assaut militaire total mené par des unités de l’armée soutenues par l’Iran.
Le chef de l’armée jordanienne, le lieutenant-général Yousef Hunaiti, a rencontré le ministre de la défense et chef d’état-major syrien Ali Ayyoub au sujet de la situation à Deraa et pour discuter de questions telles que la lutte contre le terrorisme et la contrebande de drogue dans la région, a déclaré l’armée jordanienne.
“Les entretiens s’inscrivent dans le souci d’intensifier la coordination future sur toutes les questions communes”, a indiqué un communiqué de l’armée jordanienne.
La quatrième division d’élite pro-iranienne de l’armée syrienne assiège depuis plus de deux mois la zone où les premières manifestations pacifiques contre le régime autoritaire ont éclaté en 2011, avant que les forces de sécurité ne répriment et que les troubles ne dégénèrent en guerre civile.
La Jordanie remercie la Russie pour son rôle dans le conflit syrien
Le roi Abdallah de Jordanie, un allié fidèle des États-Unis, a fait l’éloge du président russe Vladimir Poutine lors d’une visite à Moscou en août, où il a déclaré que les troupes russes, qui ont contribué à inverser le cours du conflit en Syrie en faveur du président syrien Bachar al Assad, avaient réussi à stabiliser le pays.
La Jordanie a soutenu pendant des années les principaux rebelles soutenus par l’Occident qui contrôlaient le sud de la Syrie jusqu’à ce qu’une campagne de l’armée syrienne en 2018 aidée par la puissance aérienne russe et les milices soutenues par l’Iran reprennent la province.
Des milliers de rebelles, qui recevaient autrefois des armes et un soutien acheminés par la Jordanie, ont remis leurs armes dans le cadre d’accords de reddition négociés par Moscou.
À l’époque, Moscou a garanti à Israël, à la Jordanie et à Washington qu’elle empêcherait les milices soutenues par l’Iran d’étendre leur influence dans la région qui borde également le plateau du Golan.
La reprise de Deraa par les forces gouvernementales au début du mois a entraîné le contrôle de plusieurs villes et villages qui, jusqu’à récemment, défiaient l’autorité de l’État.
L’influence croissante de l’Iran dans la région inquiète la Jordanie et Israël
Selon de hauts diplomates occidentaux, la Jordanie et Israël s’inquiètent de l’expansion de la présence iranienne, qui se traduit par la pénétration d’unités de l’armée syrienne et la prolifération de milices financées par Téhéran, qui exercent désormais leur influence dans le sud de la Syrie.
Le Hezbollah libanais a également consolidé sa présence à Quneitra, une province qui borde Deraa à l’ouest, le long des hauteurs du Golan israélien.
Les pourparlers militaires entre la Syrie et la Jordanie, selon les sources, ont également porté sur une forte augmentation de la contrebande de drogue au cours des derniers mois, dont les responsables jordaniens affirment que le Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran, est à l’origine.
Le Hezbollah nie les allégations occidentales selon lesquelles il serait à l’origine d’un réseau de contrebande de drogue de plusieurs milliards de dollars qui passe de la Syrie à la Jordanie pour être exporté vers le Golfe.