Cette réalité, le ministre de l’Agriculture l’a aussi reconnue ce jeudi 30 novembre, en marge d’un panel qu’il a co-animé dans un hôtel de la place avec ses homologues du Commerce et des Finances. Mais au-delà, Mamoudou Nagnalen Barry s’est penché sur les raisons structurelles de cette crise alimentaire en Guinée.
Le premier facteur que le ministre met en avant se rapporte à l’exode rural. « Les zones rurales se vident de leurs travailleurs. C’est plus facile malheureusement d’avoir l’argent pour acheter une moto en allant dans une mine ou vendant des pièces détachées à Conakry que de cultiver les terres. Donc cela fait que les gens quittent les zones rurales parce qu’elles ne sont pas intéressantes », explique-t-il.
L’autre facteur, dit-il, c’est la croissance démographique naturelle qui n’est pas compensée par l’amélioration de la productivité agricole ou par l’augmentation des terres cultivées. « Evidemment qu’il y a beaucoup de personnes qui ont faim dans le pays », admet Mamoudou Nagnalen Barry. Et par rapport à cette faible productivité, il la lie à la pénibilité de la préparation des sols. « La récolte surtout du riz, est pénible si on n’a pas de machine. Il faut récolter, ensuite il faut battre. Quand vous voyez les scènes de battage à la main pendant que les bras valides ont quitté la zone rurale, vous n’avez pas envie de faire du riz la prochaine année », lance le ministre. Qui en profite pour préciser que la Guinée perd près de 30% de sa production lors de la récolte et après la récolte.
Si la forte pluviométrie est souvent perçue en Guinée comme un atout pour le secteur agricole, il y a que cela entraine parfois des inondations préjudiciables aux agriculteurs. En tout cas, selon le ministre, ces inondations freinent la productivité et empêchent la praticabilité de la moitié des terres de la Guinée. « C’est pourquoi d’ailleurs, nous sommes en train de changer les techniques d’aménagement pour pouvoir faire sortir l’eau au lieu de mettre nos ressources dans comment fermer l’eau », annonce le ministre.
Dans un contexte de pénibilité des travaux agricoles, l’accès aux équipements aurait pu compenser les difficultés. Sauf que ce n’est pas si évident. Ainsi, à en croire le ministre, avant le coup d’Etat du 5 septembre 2021, le pays ne disposait que 200 machines agricoles utilisables sur 500, pour 100 tracteurs et 34 machines batteuses. « On a réparé les machines qu’on pouvait réparer, ensuite on a mis ces engins en vente ou à crédit pour les populations », indique-t-il.